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En plein coeur

Nuit. Samedi très très tôt.

Vous venez au bureau infirmier. Je l’avoue, je vous fuis. Ce n’est pas comme si la veille vous m’aviez fait des avances déplacées. « J’ai envie de vous, là, maintenant, tout de suite, avec votre blouse« .

Ces mots sont difficiles à entendre. Surtout quand l’instinct vous met automatiquement en sécurité. Je vous ai rejoint dans votre chambre, vous souhaitiez un entretien car vous n’arriviez pas à dormir. J’insiste auprès de mes collègues au sujet de ma localisation, de cet entretien. Je vérifie la présence de mon système d’appel. Dans votre chambre, je reste debout et éloignée alors que vous êtes assis sur votre lit.

Mais, ce ne sont pas vos paroles qui m’ont le plus choquée. C’est votre attitude, votre façon d’entrer en lien. Plus aucun signe de bizarrerie. Plus aucun signe de délire ou d’hallucination. Plus aucun signe de réelle humanité. Contact déterminé et froid. J’ai donc interrompu ce bref échange.

Le lendemain, les collègues rient de cette situation, de votre changement de comportement. Vous qui demandiez sans cesse des entretiens, vous êtes finalement resté en chambre.

Le soir suivant, nous reprendons vos éléments de vie, votre comportement. Nous nous accordons à dire que vous n’avez aucun signe de psychose, que le délire que vous présentez semble être un leur, une excuse. Une excuse à vos actes impardonnables (oui, ici je juge, pardonnez-moi).

Vers 1h, vous venez au bureau, en demande d’un accès Wifi pour votre nouveau téléphone… il n’y en a pas…

10min plus tard, Appel du standard, vous quittez l’hôpital. Après un stratagème élaboré et discret. Vous avez réussi à tromper notre vigilance, à dégonder votre fenêtre sans le moindre bruit.

Nous sommes sur les nerfs, effrayés. Non pas tellement pour vous mais pour votre fille, votre entourage. Que seriez-vous capable de faire ? Votre froideur nous a laissés de marbre, laissant place à notre imaginaire…

Pour le moment, on vous cherche…

Vous serez retrouvé peu de temps après, chez vous. Mais je me rappelle notre stress, vos avances deplacees, vorre appétit pour le corps à corps. L’équipe entière s’est mobilisée pour votre famille, sa protection.

Je me rappelle la peur. La première fois que j’ai eu aussi peur qu’il arrive quelque chose à un membre de famille, à une enfant.

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