Douleur & Douceur

Charogne

Lundi. L’été est de retour ! Vous aussi.

Vous revenez en soins palliatifs après deux semaines de fatigue intense. En même temps, dormir 22 heures sur 24, ça passe !

Je suis alors stagiaire, j’observe, j’écoute, j’analyse, je questionne. En somme, je ne peux pas faire grand chose. Toutefois, j’assiste à votre accueil, votre installation, votre pansement. Je le sens aussi.

Cette odeur que je n’avais pas sentie depuis longtemps. Celle de la chair qui s’abime. Celle de la plaie que l’on a du mal à guérir. Et il y a tous ces morceaux de compresse, de mèche, de toile imbibée de charbon.

L’infirmière décolle avec attention et minutie, enlève les compressés imbibées de lymphe, de fibrine. Elle arrose le trou béant avec une solution qui limitera les odeurs. Vous, vous donnez des indications, vos limites. Le tout visage crispé, dents et poing fermés. Un ballet s’amorce entre vos respirations.

J’observe ce moment plein de cette douceur angoissante, de calme. J’observe les regards, les pommettes.

De mon côté, je respire par la bouche, cachée derrière le masque. J’empêche mon cerveau de trouver des similarités entre votre corps et le mien. Empathie, certes mais pas de ConPatio ! Je respire, me focalise sur les gestes. Le dégoût que je ressentais s’est estompé, laissant la place à votre Être, ici et maintenant.

La douleur, les odeurs, l’inconfort, votre image corporelle seront les objectifs de vos soins. Comment les améliorer ? Comment allez-vous cheminer vers les propositions ? Comment allez-vous accoster de nouveaux tuyaux sur votre corps ? De nouvelles molécules ?

Je termine cette semaine sans avoir ces réponses. Mais vous avez déjà bien avancé dans votre maladie, vos soins, votre vie.

Je termine en sachant que je me suis surpassée, en tentant d’apprécier un peu plus le corps que j’ai.

Je vous souhaite bonne route, Madame.

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