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Petits vieux

Mercredi. Beau temps. Le soleil du mois de mai pointe son nez.

Vérification du chariot. Je remplis les cases presque vides, prépare les traitements injectables, les perfusions. Et c’est parti. C’est parti pour aller rencontrer douze patients, douze personne que je ne connais que par ce qui est écrit sur une fiche et la description de la collègue de nuit.

Je rentre dans votre chambre. Vous êtes assis au fauteuil, emmitoufflé dans votre doudoune, les chaussons aux pieds et la canne à portée de main. Je tente de vous prendre la tension, ça vous épuise d’avance. Puis la température. Puis la surveillance neurologique. Puis les médicaments. Je prends le temps de vous expliquer, vous encourager,vous motiver. Vous avez ce petit sourire malicieux qui apparaît au coin de la lèvre. Puis, vous attrapes mes mains, elles sont froides selon vous. Alors on continue. Quand je vais partir, vous attrapez ma main, l’approchez de votre visage et faites un baise-main.

Quand votre femme est présente, on discute de vous, du projet de retour à domicile. Elle est tellement attentive, attentionnée. Puis il y a ce petit clin d’oeil à mon égard. Tellement mignon que votre femme sourit aussi !

Puis je change de chambre, en enchaîne quelques unes.

Je me rappelle alors ce monsieur. Coincé dans son fauteuil avec la tablette, il ne tombera pas. Les lunettes à oxygène pour meiyx respirer. La perfusion pour éviter la déshydratation. Bon ça, c’est la théorie…

En pratique. Il est dans son fauteuil, la tablette en place. Enfin, si on considère comme tel le fait qu’elle soit de travers et que ce patient tente de dévisser la tablette. Les lunettes ? Errant sur le sol de la chambre. La perfusion ? Vu le sang sur les draps, je ne donne pas cher de sa peau…

On l’entend en permanence chercher sa femme, donner des ordres, souhaiter rembourser l’hôtel. Un vrai chaos ! Et on fait comme on peut. Avec le temps et les moyens que l’on a. Finalement, cher monsieur, vous êtes réellement adorable, rigolo. On ne s’ennuie pas avec vous !

Les Petits vieux, ils m’avaient manqué !

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